Dès le début de l'année, je réalise une activité inspirée du programme ATOLE (l'Attention à l'Ecole) de JP Lachaux, INSERM site internet ATOLE. 

Je demande à un enfant de me raconter son week-end. Pendant qu'il parle, je ne le regarde pas et je marche dans la classe en touchant des objets ça et là. Je sens très vite que l'enfant est destabilisé. Cela provoque chez lui une hésitation à parler. Alors je m'arrête et je le regarde. Quand il se remet à parler de façon continue, je recommence mes manoeuvres. Et ainsi de suite. Quand il arrive à la fin de son propos, je fais le bilan avec la classe : à chaque fois que j'ai cessé de montrer de l'intérêt à l'élève, il s'est arrêté de parler ou a hésité. Pour montrer mon intérêt, je l'ai regardé. Je peux accentuer cette démonstration d'intérêt en adoptant une position d'écoute. 

J'insiste toujours sur le fait que j'ai écouté l'enfant, même quand je ne le regardais pas ou quand je jouais avec le matériel parce que parfois, ça m'aide de faire cela pour me concentrer. Cependant, il faut aussi apprendre à faire comprendre à l'autre qu'on l'écoute. Pour cela, on apprend cette position d'écoute. 

A d'autres moments, mes élèves ont à disposition des fidgets et peuvent les garder en main. J'essaye de prendre en compte leurs difficultés à rester en place pour certains et l'obligation sociale que l'on attend d'eux au collège. 

Régulièrement, j'utilise "hands and eyes" de la méthode du Whole Brain Teaching de Chris Bifle pour demander à mes élèves de se mettre en position d'écoute. Je dis "hands and eyes" et ils répondent "yes" et croisent les mains et me regardent. Au bout de quelques semaines, cela fonctionne à tous les coups! 

La première règle que je m'impose est de ne prendre la parole que quand le silence est complet. Pour cela, j'ai découvert plusieurs outils :

 -Je dis 'class" les élèves répondent "yes" (Whole Brain Teaching de Chris Bifle, 2013)

-Je tape un rythme dans les mains et les élèves le reproduisent

-Je les informe que je vais donner la "CONSIGNE" et ils répètent le mot "consigne". Je donne la consigne (courte, explicite) et je les laisse soit la redire en silence dans leur tête, soit la répéter à leur voisin

- Je dis DO-MI-NO pour qu'ils se rangent (dans l'ordre de leur numéro)

Cela fonctionne incroyablement bien, si tant est qu'on passe un certain temps, pour ne pas dire un temps certain, en début d'année à répéter ces éléments de langage en ne laissant rien passer. Quand je dis un de ces mots, les élèves lâchent tout ce qu'ils sont entrain de faire et se mettent en position d'écoute (maintes joints ou bras croisés ou mains sur la table ou autre.... toute position agréable pour eux dans laquelle ils sont attentifs) et ils me regardent (ce qui signifient que j'ai leur attention). 

Nous nous entraînons pendant une semaine chaque jour dès la rentrée. Puis, à partir de la deuxième semaine tout élève qui ne respecte pas cette règle, reçoit un malus. La troisième semaine, ils ont tous intégré le fonctionnement et je ne dis jamais "chut" ou "taisez-vous" ou "écoute-moi". Il règne un calme agréable dans la classe. 

Essayez !

J'ai découvert cet outil de gestion formidable de gestion du groupe classe quand j'étais au Canada. Quand je m'adresse à la classe, je dis toujours "tu". Ainsi, chaque élève pense que je m'adresse uniquement à lui et j'ai l'attention de tous. 

Au début, cela déstabilise les élèves qui me demandent à qui je m'adresse. Je leur explique alors simplement l'intérêt de cet usage et ils s'en accommodent et ça fonctionne ! 

Développer ce projet et le faire grandir a été pour moi l'entrée dans une réelle réflexion pédagogique sur ma façon d'enseigner. Au fil du temps, j'ai donc repensé l'organisation de la classe, des règles, du matériel, du mobilier et enfin des apprentissages. 

Je me suis beaucoup inspirée de ce que j'avais vu au Canada et d'un excellent ouvrage d'Angela Powell, The cornerstone, Ed. Due season press (2009) qui aborde tous ces aspects de façon pratique.

L'organisation de ce repas m'a appris à adapter mes règles de classe pour qu'elles soient efficaces et réellement mises en oeuvre. Avant j'en avais beaucoup trop et elles étaient  accrochées en classe pour décorer  Je ne trouvais pas comment les utiliser. 

Le fait de devoir réfléchir à comment organiser efficacement ce moment du petit-déjeuner est passé par une réflexion sur les règles de la classe: sur quoi fallait-il mettre l'accent? Pour ce repas, il faut des élèves centrés sur leur tâche, silencieux, efficaces et aux gestes précis et mesurés. En cherchant sur internet, en lisant, j'ai trouvé la méthode du Whole Brain Teaching de Chris BIFLE (Le Whole Brain Teaching). Tout est rapide, rythmé, explicite et cela fonctionne réellement! 

Il y a 5 règles :

- lever la main pour prendre la parole

- lever la main pour quitter sa place

- appliquer la consigne très vite

- prendre les bonnes décisions

- faire plaisir à la maîtresse

Source Chris BIFFLE Whole Brain Teaching for challenging kids, 4 mars 2013

Dès la rentrée, je présente ces 5 règles aux élèves. Je leur demande de les illustrer (première imprégnation). Ensuite, au fil des journées, très régulièrement, je prends un temps pour les répéter. Un geste ou une musique vocale est associée à chaque règle. C'est la répétition qui fait l'implication. 

La première semaine de rentrée passée, j'explique aux élèves que maintenant ils connaissent les 5 règles et que chaque manquement à une règle sera relevé. Ici, chacun sa méthode. Dans ma classe c'est un tableau de bonus et malus (méthode Harry Potter). Ce qui importe c'est de faire répéter la règle manquée à toute la classe et de surtout ne pas hésiter et ne pas avoir peur de s'arrêter aussi souvent que nécessaire quand une règle n'est pas respectée. 

C'est fastidieux, répétitif. Cela semble une perte de temps, d'énergie et de sens. Bien au contraire. J'ai remarqué que plus je me force à le faire dans les premières semaines de rentrée, plus mon année est apaisée. 

En m'inspirant des 5 règles du WBT, j'ai réalisé un affichage unbolalecole pour les 5 règles :

règle 1

règle 2

règle 3

règle 4

règle 5